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Le sexisme en service de garde éducatif : toujours d’actualité

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Dernièrement, je suis allée à une rencontre de parents pour mon plus jeune garçon qui fréquente une école secondaire. Mon cœur de maman s’en est bien tiré mais celui de pédagogue, lui, comment dirais-je… OUTCH !!! Bien assise sur une chaise tachée de croûtes de peinture dans la classe d’arts plastiques :
  • Moi la maman : « Je suis contente d’apprendre que ça se passe bien dans le cours d’arts plastiques malgré le fait que mon fils me dise ne pas aimer beaucoup cette matière. »
  • Enseignant : « Ah, vous savez, c’est certain que ce sont plutôt les filles qui aiment colorier et bricoler… les garçons préfèrent les blocs LEGO. C’est normal! »
Hein? Ai-je bien entendu? Y a-t-il un médecin dans l’école prêt à m’extraire la boule de cire d’oreille qui m’empêche de bien comprendre ces propos? Quinze minutes plus tard, assise devant un jeune homme habillé en survêtement de sport :
  • Moi la maman : « Est-ce que mon fils a un bon comportement dans le cours d’éducation physique? »
  • Enseignant : « Bien c’est sûr que c’est un petit gars et on sait que les petits gars bougent beaucoup, mais dans l’ensemble, il écoute bien les consignes. »
Quoi? Ai-je fait un retour dans les années 70 sans m’en rendre compte? Faut respirer… Donnez-moi une grande goulée d’air svp! Malheureusement, bien que je sois ressortie de ces rencontres extrêmement dubitative, je reste convaincue que ces façons de traiter les genres pour expliquer certains comportements ou préférences ne sont pas exclusives à ces deux enseignants. Même sans études exhaustives, on peut affirmer hors de tout doute qu’il y a d’autres enseignants, dans d’autres écoles, qui croient dur comme fer en certains stéréotypes sexuels, marquant ainsi leur façon de se comporter avec les jeunes, voire même leur façon d’enseigner. Pourquoi? Parce qu’ils sont des humains et que les humains sont, bien oui, imparfaits. J’avoue… je m’en confesse! J’avoue que quand ma propre mère me répète : « Ton épicerie doit te coûter cher, hein, avec deux garçons ado ? », je me contente de sourire sans répliquer. Même si je lui ai déjà expliqué que mon fiston de 15 ans mange moins que moi-même, elle continue d’entretenir ce genre de propos. Sourire est ce que j’ai trouvé de mieux puisque, selon moi, le fait qu’elle vienne d’une autre époque justifie qu’elle puisse nourrir de tels préjugés. Ceci explique cela… J’avoue aussi que je souris quand elle me demande: « William a-t-il une petite blonde? ». Dans les faits, il serait trop hasardeux, je trouve, de lui faire réaliser qu’il est préférable de demander : « William est-il amoureux? », ne sachant pas s’il préfèrera avoir « un tit chum » au lieu « d’une tite blonde ». Encore là, je ne vois pas l’intérêt de mener cette bataille que je considère perdue d’avance.  Oui, oui! Je suis une batailleuse mollassonne! Pourtant… Je fais partie de celles qui ont toujours milité contre les stéréotypes sexuels en tant que maman mais aussi en tant qu’ex-directrice à la pédagogie dans un service de garde éducatif. Mes garçons sont aujourd’hui capables de porter fièrement des sous-vêtements mauves même s’ils se font taquiner par leurs pairs dans le vestiaire d’éducation physique. Ils arrivent à discuter du fait qu’ils se sentent libres d’aimer un jour un homme ou une femme mais que ce sera plus difficile, à leur avis, dans un environnement plus rural où ils habitent présentement. Ils ont des amis des deux genres sexuels avec qui ils « gament » à Minecraft. Et quand nous sommes allés au magasin de chaussures la semaine dernière et que le-la vendeur-e nous a conseillés, ils n’ont à aucun moment soulevé le fait qu’il-elle semblait être non-binaire.  Leur réaction (ou plutôt leur non-réaction) m’a rendue extrêmement fière d’eux! Parce que dans les faits, qu’est-ce que ça change de connaître hors de tout doute son appartenance sexuelle? Après tout, cette personne a réussi à trouver des souliers gigantesques à mon ados à grand pieds. Merci pour ta patience, peu importe qui tu es!  Voilà tout! Il y a une bonne dizaine d’année alors que j’étais conseillère pédagogique dans un service de garde éducatif, toute l’équipe avait pris du temps pour bien comprendre les messages implicites qu’on véhicule, malgré nous, à travers les jouets et le matériel en général : les livres montrant des mamans aux fourneaux, les images de « Barbies » ou de fillettes sur les cuisinettes roses, les casse-têtes de super-héros, les déguisements de princesses, alouette! Pourquoi tout ça se retrouve dans un service de garde qu’on souhaite le plus éducatif possible? Probablement à cause de notre propre vécu qui nous empêche de bien cerner ce que sont réellement les stéréotypes sexuels et, de surcroit, les impacts négatifs sur le développement social et affectif des enfants qu’on accompagne. Le choix de la neutralité mène assurément à plus d’apprentissages positifs. Et si les livres que nous proposons aux enfants montraient des astronautes hommes et femmes, des policiers et policières, des infirmiers et infirmières, des mécaniciens et mécaniciennes? Si un de ces livres sème une graine permettant de briser les barrières reliées au genre et encourage une fille à se diriger vers le génie civil une fois adulte, alors une bonne partie de notre mission en tant que service de garde est atteinte! Et si le coin cuisine proposait une cuisinette en bois équipée de vrais vaisselles et ustensiles de couleur orange, verte et bleue? Si ce matériel de jeu de rôle encourage autant les garçons que les filles à y participer, cela peut les amener à vivre des expériences sociales avec les représentants des deux genres tout en les préservant des stéréotypes tel que : « C’est un jeu pour les filles ça! », alors une bonne partie de notre mission en tant que service de garde éducatif serait atteinte! Et si le coin stimulant la fonction symbolique était garni de costumes de brigadier-brigadière scolaire, de gardien-gardienne de but de hockey, d’animaux, des vêtements d’adultes comme des pyjamas, des vestons, des chapeaux, des souliers à petits talons, alors les enfants pourraient tous ensemble se projeter dans des expériences sensorielles non reliées à des stéréotypes encore persistants de nos jours.  Ainsi, une bonne partie de notre mission en tant que service de garde éducatif serait atteinte! Enfin, si les casse-têtes représentaient des images des lettres de l’alphabet, de personnes de diverses nationalités, d’animaux de la savane? Et si les « cherche et trouve » montraient une scène d’une pompière, d’une personne handicapée, des bébés de différents animaux, des chiffres ou les saisons?  Alors nous réussirions à stimuler les enfants à plus d’un domaine, encourageant par le fait même leur développement global. Ainsi, une bonne partie de notre mission en tant que service de garde éducatif serait atteinte! Mais pour réussir à protéger le plus possible nos petits des stéréotypes sexuels en favorisant l’inclusion, il est impératif de développer notre radar à stéréotype et devenir capable de les déceler autour de nous, autant chez les gens que nous côtoyons que dans l’environnement que nous offrons au service de garde. Mais en tout premier lieu, questionnons-nous sur nos propres fausses croyances et assurons-nous de ne pas les véhiculer. Nous permettrons ainsi aux plus jeunes de notre société d’évoluer en tant qu’êtres humains libres de leurs choix personnels et professionnelles. N’est-il pas là une des missions et – mais surtout – un des plus beaux cadeaux qu’un service de garde peut offrir à ses enfants? Mélanie Coulombe Cible Petite Enfance

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